Il y a fuite et fuite : tout désignait le mauvais coupable

 

Seriez-vous tombé dans le piège, vous aussi ?
Depuis sept ans, tous les professionnels interrogés y étaient tombés. Ils avaient fait faire des réparations inutiles. Et rien n’y faisait. La fuite était toujours là.

Il faut dire que tout désignait le mauvais coupable.

Sans doute la façon de leur poser la question avait-elle un peu influencé leur façon d’analyser les faits.
Trop souvent, on croit que l’eau se contente de suivre une ligne droite. Alors qu’elle préfère suivre le chemin le plus facile, qui emprunte souvent des voies détournées.

En tout cas, les voici, les faits. Dans la salle de bain de cet habitant, une fuite produit ses ravages. 

 

fuite_ dans la salle de bains

 

Immédiatement, on se précipite à l’étage au-dessus, pour aller cherche un indice. La démarche est d’autant plus évidente qu’au-dessus, c’est un toit plat. Et qu’il suffit d’une échelle.

A la recherche de la fuite : échelle contre le mur

 

Et là, que voit-on ? Une belle flaque qui s’étale sur cette terrasse, exactement au-dessus de la salle de bains. Qu’en déduisez-vous ? 

flaque d'eau sur toit de salle de bains

Qu’il y a un rapport de cause à effet et que la fuite vient de là.
Vous faites comme tous les professionnels qui se sont succédé sur ce toit pendant sept ans, sans jamais mettre en doute cette fausse évidence.

 

Que disait réellement ce toit ?

Cependant, lorsqu’on a l’habitude d’écouter les toits, on se rend compte que quelque chose ne va pas dans cette hypothèse-là. Comme dans les séries policières, il y a quelque chose de trop facile. Le coupable ne peut pas être aussi naïf pour se laisser désigner comme cela.

Pour que l’eau emprunte un chemin aussi direct, il faudrait vraiment que tous les ouvriers qui ont construit cet immeuble aient tous travaillé en dépit du bon sens. Et quand bien même…
Non, la réalité était forcément un peu plus complexe. Sous cette flaque suspecte, on ne pouvait que constater un travail bien fait, rénové récemment, qui plus est.

Pourquoi diable, l’eau passerait-elle directement par là ? Cette ligne droite serait pour elle le chemin le plus difficile.

La fuite ne pouvait venir de là.

 

Il fallait enjamber la terrasse

En revanche, comme on le voit ci-dessous, en tournant la tête sur cette terrasse, on se rend compte qu’elle est mitoyenne d’une autre terrasse, celle de la résidence voisine.
Autres propriétaires, autres responsables. « Ici c’est ici, là-bas, c’est là-bas », voilà sans doute le genre de réflexe de la pensée qui peut influencer une recherche de fuite.
On n’imagine pas que l’eau puisse passer chez le voisin. D’autant que les voisins ne se sont jamais plaints. 

terrasse mitoyenne

 

Mais le premier réflexe d’un expert de Servitas consiste à écouter ce qu’ont à dire tous les toits ainsi y compris les occupants sinistrés.  Le second réflexe ? Quand il suffit d’enjamber un muret pour aller voir les choses sous un autre angle, on enjambe. Et là, vu de chez les voisins, un indice étonnant nous saute aux yeux !

Depuis cette terrasse accolée de la résidence voisine, on constate que le mur d’acrotère est infiltré sur une dizaine de mètres.

Des boursouflures qui indiquent l’éclatement de fers à béton prouvent que des quantités d’eau importantes pénètrent entre les deux murs des deux immeubles accolés.

boursouflures sur le mur d'acrotère

La couvertine mal conçue 

 

A priori, il n’y a aucun rapport. Il s’agit là d’un autre problème, qui appartient à la résidence voisine.
Mais que l’eau réussisse à causer de tels dégâts, sans que les voisins qui habitent dessous ne se plaignent d’infiltrations ou de fuites…. Ce n’est pas logique.

En allant plus loin dans notre enquête, nous constatons alors quelque chose d’étonnant.

couvertine dans le mauvais sens

La couvertine de jonction entre les deux murs mitoyens est montée à l’envers. Le pli est inversé et provoque donc une retenue face au chemin de descente de l’eau.
Un simple petit centimètre d’erreur suffisait à laisser se déverser l’eau entre les deux murs, au niveau de leur raccord !
L’origine de la fuite devait être là. Un tout petit centimètre dans la mise en place de ce morceau de métal.

 

La fluorescéine 

Pour en avoir le coeur net, nous décidons alors d’utiliser un de nos outils de traçage de fuite d’eau. La fluorescéine est  une substance qui est transparente ou colorée à la lumière du jour et émet une lumière réfléchie de fluorescence lorsqu’elle est excitée sous les ultraviolets.

Sa couleur étant visible même à faible dose, la fluorescéine est utilisée couramment  pour tracer les cours d’eau souterrains, des résurgences, des fuites, etc.
Autrement dit, on la verse à un endroit pour suivre le cheminement de l’eau. A l’arrivée, on braque un faisceau de lumière ultra-violette sur la trace de la fuite et si la fluorescéine réagit, c’est que l’eau a en effet suivi le cheminement testé.

C’est une substance utilisée de longue date en hydrologie. 

Nous versons donc de l’eau avec un peu de cette substance à la jonction entre les deux murs mitoyens, précisément là où nous avons repéré le défaut de couvertine.

 

test de fuite à la fluorescine

 

Bingo ! L’eau réagit aux ultra-violets 

 En redescendant dans la salle de bains, très peu de temps après, avec l’éclairage du faisceau ultra-violet, nous constatons que l’ambiance change. L’humidité de la fuite dans la salle de bain tourne au fluo.
La fluorescéine réagit. 

fuite dans la salle de bains

 

Elle le fait dans des proportions limitées, ce qui prouve deux choses :

  1. qu’il s’agit bien de l’origine de la fuite
  2. que toute l’eau déversée n’inonde pas la salle de bains et qu’il en reste donc une partie qui continue d’infiltrer insidieusement la jonction entre les deux immeubles.

 

Conclusion

 Nous avons bien identifié l’origine de la fuite, mais pas seulement. Nous avons aussi repéré un cheminement complexe où l’eau infiltre à la fois la salle de bains concernée mais fait aussi d’autres dégâts plus sournois, ailleurs. 

Là où tout le monde avait diagnostiqué une descente rapide venue du toit, nous avons fini par comprendre le véritable cheminement de l’eau.
Alors que, pendant sept ans, les professionnels avaient proposé des solutions trop rapides de réfection du toit-terrasse et des étanchéités associées, nous avons pu identifier la véritable origine des sinistres.

L’expertise est en effet d’abord une observation sans a-priori, menée (prenons encore une fois cette image) à la façon d’une enquête policière, avec beaucoup de questions posées aux habitants et gestionnaires.

Cette étude de cas montre encore une fois « qu’il y a fuite et fuite ».
Elle montre surtout que l’observation des murs, des toitures, des terrasses est une sorte de science qui progresse avec le temps et surtout l’analyse des causes.

Les malfaçons commises sur de petites interventions (ici la simple pose de la couvertine) ne sont pas toujours visibles au premier abord. Elles sont souvent mineures.
Pourtant, en matière de fuite, ce sont souvent elles la petite cause quasi-invisible qui déclenche tout. 

 

 

 

Suspicion de fuite ?   SERVITAS est à votre disposition pour vous aider à diagnostiquer ce dont il s’agit. Appelez-nous vite.