Chéneau : qu’est-ce-que c’est ?
Chéneau : définition classique.
Chéneau est le terme exact pour désigner de ce que l’on décrit couramment sous le terme de gouttière.
Techniquement, il s’agit du canal situé à la partie inférieur d’un pan de toiture ou entre deux versants d’un toit pour en récupérer les eaux et les évacuer par des tuyaux de descente.
Dans l’architecture traditionnelle (antique, notamment), le chéneau est un conduit en pierre ou en terre cuite. L’eau est évacuée alors parfois vers les gargouilles (voir nos cathédrales).
La gouttière est donc, elle, stricto sensu, un chéneau suspendu par des crochets.
Dans le langage courant, on utilise en définitive le mot « gouttière » lorsqu’il s’agit d’un dispositif suspendu et l’on parle de « chéneau » lorsqu’il s’agit d’un canal porté par une corniche du bâtiment ou le toit lui-même.
Si l’on peut encore à peu près à observer depuis le sol les gouttières pour les maisons individuelles ou les bâtiments aux toitures classiques et se faire une première idée de leur “état de santé” vu d’en bas (on a quand même souvent des surprises…), on y parvient bien moins lorsque les chéneaux sont portés ou intégrés dans une corniche .
Ceci est encore plus vrai dans les bâtiments industriels ou commerciaux. Nombreux chéneaux sont alors cachés par les bardages verticaux (les murs) des bâtiments. Or, ils se trouvent justement en bas des versants des toitures plates. Et l’étanchéité à ces endroits est toujours un sujet sensible.
Les différents matériaux
Les chéneaux et gouttières peuvent être faits de plusieurs matières différentes. Avec, à chaque fois, recours à des techniques différentes.
L’infographie ci-dessous résume les principaux matériaux, leurs avantages et leurs inconvénients.
Le choix entre ces matériaux doit être fait en fonction du budget, bien sûr, mais aussi en fonction de l’architecture et des conditions climatiques qui provoqueront plus ou moins de contraintes sur le dispositif.
En montagne, notamment, le poids de la neige ne concerne pas les seuls toits. Il va jouer également beaucoup sur les chéneaux.
Le dimensionnement
Le dimensionnement des évacuations d’eaux pluviales est défini par le DTU 60.11 d’octobre 1988.
Il existe aussi une norme européenne (référence NF EN 12056-3).
La section utile de la gouttière ou du chéneau est fonction de sa propre pente et de la surface en plan de la toiture desservie par la gouttière et le chéneau.
S’il ne s’agit pas ici de donner une leçon de physique des fluides, arrêtons-nous quelque peu sur la notion de surface en plan.
Elle se définit selon la formule :
Surface en plan = surface réelle x cos ᾳ
ᾳ étant l’angle de la pente de la couverture. Le cosinus d’un angle étant toujours inférieur à 1, la surface en plan sera donc toujours inférieure à la surface réelle.
On calcule ensuite la section utile de la gouttière ou du chéneau en fonction de la surface en plan mais aussi de la pente de la gouttière ou du chéneau (oui, ils doivent être en pente si l’on veut que l’eau s’évacue correctement : la pente maximale utilisée dans la pratique est en général de 5mm/m).
Les tableaux du DTU indiquent ensuite la correspondance entre les 2. Ainsi une surface en plan de 100 m2 avec 5mm/m de pente (un grand classique) vous conduira à opter, si vous lisez bien le document, à une gouttière demi-ronde de section 33 cm de développé.
On comprend bien ici cependant l’importance de ce sujet.
Il en va de la vitesse avec laquelle l’évacuation de l’eau pourra s’effectuer vers les tuyaux de descente.
Bien évidemment, ceux-ci doivent aussi être dimensionnés en conséquence. Le même document permettra d’évaluer leur format.
L’entretien des chéneaux en univers résidentiel
L’entretien est fondamental pour maintenir des chéneaux en bon état de fonctionnement.
Dans l’univers résidentiel, il faut notamment faire tout particulièrement attention à la période de fin de chute des feuilles d’arbres, en fin d‘automne. Il faut alors éliminer l’accumulation de feuilles mortes, de branchages, aiguilles de pin, gros insectes, mousses tombées du toit, etc. Cet entretien est aussi l’occasion de vérifier l’état général de votre installation (tenue des crochets, corrosion des gouttières en métal, etc.).
Ce point-là est extrêmement important : un chéneau bouché, surtout lorsqu’il est encastré dans la corniche est une des causes d’infiltration d’eau dans les habitations les plus répandues. Et souvent les plus difficiles à diagnostiquer.
Ceci est souvent aggravé lors des déversements d’un toit à l’autre. Ou lorsque la pose des chéneaux est mal effectuée.
Il suffit de naviguer sur les forums internet pour s’en rendre compte.
“Le chéneau de mon voisin se déverse dans mon chéneau. Hélas, celui-ci n’est plus capable d’absorber le volume d’eau. Il a débordé suite à un orage, provoquant une infiltration chez moi. ” lit-on sur un forum … juridique.
“Il n’est pas normal que le chéneau se bouchant, l’eau déborde à l’intérieur. La réhausse extérieure ne doit pas être drainée… ” répond sur ce même forum un expert d’assuré.
Bref. On mesure à ces échanges, les problèmes d’assurance et les montants de réparations qui pourraient être évitées avec un entretien régulier qui permet, au passage, de diagnostiquer immédiatement d’éventuels problèmes de pose.
Trois passages par an, (printemps, automne et hiver ) sont indispensables pour ce château abritant un internat à Conflans Sainte Honorine
L’entretien des chéneaux en univers industriel ou commercial
Pour l’univers commercial et industriel, le sujet est encore plus sensible. Il y a souvent sous les toitures des bâtiments des gens qui travaillent, des machines, des stocks de grande valeur. La surveillance de la toiture est donc importante.
Notez que la durée de vie d’une toiture industrielle est estimée à 25 ans en moyenne. Pendant ces années, elle subira de nombreuses agressions, notamment climatiques (fortes amplitudes de températures, vents, orages violents, etc.). Mieux vaut la surveiller de près, là encore.
Il convient donc d’inspecter régulièrement sur les toits-terrasses, notamment en fin d’automne, là encore, afin d’entretenir les chéneaux.
Compte tenu des contraintes thermiques que subissent ces toitures, notamment l’été, après des canicules ou l’hiver, après des épisodes très froids, il convient aussi de vérifier tout ce qui relève de l’étanchéité notamment au niveau des jonctions soudées ou collées.
“Les chéneaux sont des zones critiques souvent difficiles à traiter, note ainsi le document d’un fournisseur de membranes d’isolation.”
Il ajoute qu’en matière d’intervention ponctuelle, les solutions en membranes ou résines permettent des réparations durables, s’adaptant particulièrement bien à ces ouvrages grâce à leur souplesse de mise en œuvre.
Des techniques sans flamme permettent à ces travaux d’être effectués facilement, avec tous les gages de sécurité.
Nous en arrivons toujours à la même conclusion. Il est plus facile et moins coûteux d’entretenir régulièrement ses chéneaux que d’attendre les premiers signes d’infiltration ou de fuite.